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Le paysaGe de Bocage en Kreiz Breizh

Parcouru d’environ 5000 km de haies bocagères, mais également de chemins creux, de vergers, de mares, de lavoirs, de murets de pierres sèches… notre campagne constitue le cadre de vie bocager du Kreiz Breizh.

 

Les haies de types taillis sous futaies sont caractéristiques de notre territoire ; ce sont aussi les haies les plus intéressantes par la qualité des services environnementaux et agronomiques qu’elles rendent, et par leur productivité importante en bois.

Elles mêlent des arbres de haut jet, des arbres gérés en taillis (arbre coupé au sol et repoussant avec plusieurs troncs) et parfois en têtard/trogne, avec des arbustes.

Près de 40 essence spontanées constituent nos haies, mais les espèces dominantes sont le chêne pédonculé, le châtaigner, le hêtre, le merisier ; ainsi que le noisetier, l’aubépine, le houx, le prunellier, l’ajonc… pour les espèces arbustives.

 

Les fonctions de nos haies bocagères, souvent implantées sur un talus, sont nombreuses. Historiquement leurs rôle était essentiellement de délimiter les parcelles, parquer les animaux et produire du bois. Aujourd’hui les haies bocagères présentent toujours de nombreux atouts :

– préservation des sols face à l’érosion,

– qualité de l’eau en limitant le ruissellement et favorisant la rétention de polluants,

– meilleur infiltration permettant la recharge des nappes,

– protection microclimatique (vent, froid, excès de chaleur) des cultures et animaux d’élevage,

– habitats pour la biodiversité et corridors de déplacements des espèces,

– abris d’auxiliaires des cultures (rapaces prédateurs de rongeurs, carabes s’alimentant de limaces…),

– production de bois d’œuvre, d’énergie (bûches, bois déchiqueté), utilisation comme litière…

– stockage de carbone,

et forment un lieu de loisir (promenade, cueillette, chasse…) et un attrait touristique.

 

Néanmoins, les paysages évoluent, notamment avec l’agrandissement des exploitations agricoles et le ralentissement de l’élevage en plein air au profit des cultures ; ce qui impliquent souvent une plus importante mécanisation des travaux agricoles et l’abandon des pratiques traditionnelles d’entretien des haies.

Les haies agricoles bénéficient désormais de différentes protections ; mais l’absence, les mauvaises pratiques ou le sur-entretien des haies continuent de mettre en péril une partie du bocage.

 

Partant de ce constat, avec l’appui du programme Breizh Bocage, la CCKB s’engage dans différentes actions pour mieux préserver le bocage, développer les pratiques de gestion durable des haies, de valorisation économiques des produits issus de la haies et densification du maillage bocager lors les enjeux environnementaux le nécessitent.

 

Découvrez le détail de ces actions dans la Feuille de route 2023-2027 pour le bocage en Kreiz Breizh :

Feuille de route des actions en faveur du bocage en Kreiz Breizh 2023-27

 

 

La plantation de nouvelles Haies bocagères

La CCKB accompagne la réalisation de 10 à 15km de nouvelles haies bocagères chaque hiver dans le cadre du programme Breizh Bocage.

 

A l’initiative des exploitants agricoles intéressés, les aménagements sont pensés ensemble en fonction des usages agricoles et des enjeux environnementaux (pente, nature du sol, micro-climat, qualité de l’eau, corridors écologiques…)

Les haies sont généralement plantées sur talus, mêlent arbres et arbustes d’essences locales, sélectionnés pour chaque haie parmi une liste de 30 essences locales ou adaptées aux évolutions climatiques.

 

Les projets sont établis au printemps au cours d’un rencontre sur place avec le technicien de la CCKB, puis parmis l’ensemble des projets une sélection est effectuée au cours de l’été.

Pendant l’automne sont réalisées les préparations de sol et créations de talus, suivi en début d’année par la plantation des arbres et arbustes.

Chaque jeune plant forestier est paillé et protégé des dégâts de gibier par un filet ; un dégagement des plants est effectué si nécessaire au début du premier été.

 

Les projets accompagnés par la CCKB doivent représenter un minimum de 200 mètres de création de haie. Si le projet est supérieur à 1 km il peut être réalisé sur plusieurs années.

Les travaux sont généralement réalisés par des entreprises encadrées par la CCKB. Le bénéficiaire participe à hauteur de 1,50€ en moyenne par mètre de haie créée.

 

Plaquette de présentation du Programme Breizh Bocage

Télécharger le détail des conditions de création de haie avec la CCKB

 

 

Si votre projet n’est pas retenu, il peut :

– être présenté à nouveau l’année suivante,

– faire l’objet d’une demande de subvention Breizh Bocage directement auprès de la région (appel à projet généralement entre juillet et septembre),

– être réalisé par vous même, notamment sur la base du projet défini avec le technicien et des conseils suivants :

 

Fiche technique Conseils pour la création de haies bocagères

Liste des essences conseillées et contacts de pépinières

 

 

Modifications de haies existantes :

L’ensemble des haies existantes sur les parcelles agricoles en 2014 doit être conservé. Il s’agit d’une des Bonnes conditions agro-environnementale (la BCAE n°8) exigées en contre partie du versement des aides du 1er pilier de la PAC.

Néanmoins, certains cas particuliers peuvent justifier des modifications de haies après validation par les services de l’Etat (DDTM) : ouverture d’une entrée de champs, reprise d’une parcelle par un nouvel exploitant… cf. formulaire de déclaration suivant :

Formulaire de déclaration préalable de destruction / remplacement / déplacement de haie

 

Le déplacement de haies (arasement et replantation ailleurs) dans l’objectif de réaménager un parcellaire n’est possible que pour un « meilleur emplacement environnemental des haies » et doit être accompagné par un technicien agréé, notamment de la Chambre d’agriculture.

Dans les situations ou il est nécessaire de retirer de faibles linéaires de haies anciennes dans le cadre d’un projet plus vaste de création de nouvelles haies, cet accompagnement peut être réalisé par un technicien de la CCKB, avec les critères stricts de qualité environnemental décrits dans le document suivant.

Procédure déplacement de haie BCAE8 avec la CCKB

 

Attention le programme Breizh Bocage ne finance pas la replantation de haies arasées.

 

 

La gestion des jeunes haies :

L’entretien des jeunes haies est de la responsabilité de l’exploitant agricole.

 

Préconisations en quelques mots :

– au cours des 5 premières années il est conseillé de ne pas intervenir, et notamment de laisser se développer les ronciers qui protègent les plants des dégâts de gibier.

– entre 5 et 10 ans, tous les 2 ans, interventions rapides au sécateur à main pour former les arbres et arbustes (suppression des fourches, recépage des sujets en mauvais état…), retrait des gaines de protection.

– entre 10 et 15 ans, sélection et éclaircie par recépage, élagage du bas des arbres.

 

Plus d’informations en pages 13 et 14 du document conseils pour la création de haies bocagères.

 

 

Gestion DURABLE DU BOCAGE

Une haie bocagère en bon état à trois caractères principaux :

  • constituée d’arbres, d’arbustes et d’herbacés, sans discontinuités importantes,
  • composée de plusieurs essences différentes afin de prévenir les conséquences d’éventuelles maladies,
  • avec des classes d’âges diversifiées afin de permettre le renouvellement des arbres vieillissants.

 

La gestion de type « Taillis sous futaie », mêlant arbres et arbustes, avec des ports naturels et issus de recépage, est particulièrement intéressante et permet un renouvellement progressif de la végétation.

La conduite de ce mode de gestion par une intervention à la tronçonneuse, généralement tous les 10ans, est plus intéressant que des interventions mécanisées souvent responsable de la dégradation de l’état sanitaire des arbres, et peu favorable à la croissance de jeunes sujets.

 

De manière graduée, les pratiques à mettre en œuvre sont les suivantes :

  • permettre la régénération naturelle en proscrivant le désherbant, l’épareuse et l’accès des animaux d’élevage, sur le talus et/ou entre les arbres,
  • l’ourlet herbeux de part et d’autre de la haie et les rameaux de l’année uniquement peuvent être tenus à distance des clôtures et cultures à l’épareuse,
  • limiter l’usage du lamier, ne pas élaguer pas trop haut et réaliser des coupes d’élagage propres auprès du tronc (idéalement reprises à la tronçonneuse),
  • des abattages ponctuels et recépages peuvent être réalisés, les coupes doivent être reprises à la tronçonneuse au plus près du sol afin de favoriser des rejets de souche de qualité.

 

L’entretien le plus adapté est réalisé par rotation tous les 10 à 15 ans.

Il est réalisé à la tronçonneuse et consiste en :

– l’élagage des branches basses gênantes sur les parcelles, avec des coupes lisses au près de tronc en conservant le bourrelet cicatriciel (zone d’écorce ridée).

– le recépage d’un partie des arbustes (notamment les noisetiers) avec des coupes propres au plus près de sol (5cm) permettant un bon redémarrage dès le printemps suivant ; les interventions sur les essences à croissance lente (if, aubépine…) sont à limiter.

– le recépage ou le balivage (conserver un ou plusieurs troncs sur une cépée) d’une partie des arbres capables de redémarrer depuis leur souche (châtaigner, sycomore…).

– l’abattage ponctuel d’arbres afin de diversifier les classes d’âge et apporter de la lumière au sol pour favoriser la régénération naturelle de jeunes arbres et arbustes.

– en présence d’arbres historiquement gérés en têtard / trogne, couper l’ensemble des branches au ras de la boule formée en haut du tronc. Si l’arbre n’a pas été trogné depuis longtemps (diamètres des branches supérieurs à 20cm) il est préférable de ramener progressivement l’arbre à un axe vertical principal unique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans le cadre de la PAC, les interventions sur les arbres et les arbustes sont possibles uniquement du 16 aout au 15 mars afin de préserver les nichées des oiseaux.

 

Guide technique sur l’entretien et la gestion des haies bocagères

 

Des journées de formations destinées principalement aux exploitants agricoles sont régulièrement organisées.

 

 

La Mesure Agro Environnemental et Climatique (MAEC) Entretien durable des Haies

Vous pouvez engager dans cette mesure de la PAC les haies que vous prévoyez d’entretenir pendant les 5 prochaines années. En contre-partie du respect d’un cahier des charges, vous êtes rémunérés pour l‘entretien de ces haies 4 euros par mètre (0€80/an).

 

Vous devrez suivre un Plan de gestion, déclinaison du cahier des charges de la DRAAF, qui prévoit notamment :

– un entretien par haie au cours des 5 ans,

– entre le 1er septembre et le 1er mars,

– interventions sans mécanisation (à la tronçonneuse),

– les coupes doivent être “propres“, au ras du sol ou du bourrelet cicatriciel,

– la végétation naturelle doit être conservée entre les arbres (pas de broyage ni de pâturage),

– vous devez être le seul à intervenir des deux côtés de la haie. Vous pouvez cependant déléguer cette tâche à un professionnel du bois.

 

Fiche descriptive de la Maec Haie

Exemple de Plan de gestion à respecter en Maec haie

 

Pour contractualiser cette MAEC « IAE1 » :

– organisez une visite des haies avec le technicien de la CCKB,

– déclarez les haies identifiées comme éligibles à cette occasion lors de votre déclaration PAC,

– notez chaque intervention d‘entretien, à présenter en cas de contrôle,

– vous devrez suivre une journée de formation Maec au cours des 2 premières années.

 

 

Le Plan de Gestion Durable des Haies (PDGH)

Un Plan de Gestion Durable des Haies est un diagnostic du bocage à l’échelle d’une exploitation agricole.

 

Réalisé par un conseiller bocage-agroforestier, il permet à l’exploitant d’avoir

– un état des lieux et de connaissance de son bocage,

– de planifier et prioriser les travaux d’entretien et de valorisation des haies de son exploitation sur 10 à 15 ans,

– d’identifier les potentiels travaux d’amélioration des haies existantes ou de création de nouvelles haies,

– de connaître les volumes de bois exploitables durablement si c’est l’un des objectifs,

– d’évaluer les volumes de carbone stocké.

 

Ce plan de gestion est nécessaire pour être labellisé Label Haie (avant la 3ème année), toucher le « Bonus haie » de la PAC, ou bénéficier de certains PSE (Paiements pour services environnementaux).

La réalisation de PGDH devrait être proposée aux exploitants agricoles du territoire fin 2024.

 

 

Le Label Haie

Le Label Haie vise à certifier les pratiques de gestion durable des haies d’une exploitation agricole, puis à tracer le bois qui en est issu et valoriser économiquement la bonne gestion des haies.

C’est un outil complémentaire au PGDH, qui permet le suivi du plan de gestion, de certifier avec un regard extérieur des haies pérennes en bon état, et de valoriser un bois durable, local et éthique.

 

Concrètement :

– réalisation d’un pré-audit permettant de comparer les pratiques actuelles avec les exigences du Label,

– engagement dans le Label avec 3 niveaux successifs à atteindre progressivement en 10 ans :

– niveau 1 : protéger les haies (absence d’abattages à blanc, pas de traitements chimiques de la haie, qualité des coupes d’abattage…)

– niveau 2 : améliorer les coupes et la sélection (qualité des coupes d’élagage – lamier, conserver les arbres remarquables, préserver la végétation herbacée…)

– niveau 3 : augmenter la biodiversité et le capital sur pied (maintenir le lierre, convertir les haies basses en haies hautes…)

– l’exploitant, ou un groupe d’exploitants (OCG, Organisation Collective de Gestion), sont audités par l’organisme Certis tous les 2 ans,

– la certification se fait à deux niveaux : les pratiques d’entretien, et les circuits de distribution du bois,

– l’usage du bois doit être local (le volume du chargement transporté en m3 doit être inférieur à la distance en km).

 

L’objectif principal est de relocaliser l’usage du bois, notamment énergie, avec l’assurance que celui-ci permette la durabilité du paysage de bocage du territoire.

Parallèlement il doit permettre de relocaliser les dépenses énergétiques et d’assurer un revenu équitable aux exploitants agricoles.

 

Fiche de présentation du Label Haie

 

 

La gestion des haies de bord de route

Les haies situées en bord de route sont à la jonction entre plusieurs enjeux : agricole, entretien et sécurité de la voirie, réseaux de télécommunication ou électriques.

 

Bien souvent propriété de la parcelle riveraine de la voie, l’entretien de la haie est à la charge de son propriétaires des deux côtés. Néanmoins, faute d’entretien par leurs propriétaires, les gestionnaire de voirie est amené à intervenir sur ces haies, parfois avec des pratiques inadaptées et dégradantes.

Haies, bords de voirie, réseaux aériens sont pourtant compatibles lorsque des pratiques de gestion durable sont appliquées : il s’agit principalement de conduire les houppiers au-dessus des réseaux et de receper les arbustes.

 

Fiche action : je fais évoluer mes pratiques de gestion des boisements de bord de route

Plaquette déploiement de la fibre Megalis

Fiches détaillées Entretien des haies et fibre optique

 

Des modules de formation auprès des collectivités et des entreprises en charge de ces travaux sont régulièrement organisées.

L’accompagnement de la réalisation de Plans de gestion de bord de route à l’échelle communal est envisagé. Ces Plans de gestion, mis en œuvre par le gestionnaire de la voirie avec l’accord des propriétaires fonciers, visent à entretenir les haies, selon une rotation pluriannuelle route par route, avec des pratiques adaptées aux haies et permettant de valoriser le bois issu de ces entretiens.

 

 

Valorisation du bois des haies gérées durablement

Alors que les haies sont parfois vécues uniquement comme une contrainte pour l’exploitation des parcelles et un coût pour leur entretien, un levier important pour la pérennité du bocage est de lui redonner un intérêt économique.

Ceci passe par :

– la valorisation des produits de la haie dans les fermes (bardage, piquets, litière –bois déchiqueté en remplacement de la paille-, énergie –remplacement des énergies fossiles pour le chauffage des bâtiments d’élevage-, …)

– la vente de bois d’œuvre, de bois bûche, de bois déchiqueté notamment comme ressource énergétique pour les chaudières collectives.

 

La CCKB accompagne les différentes initiatives locales, avec le Pays Centre Ouest Bretagne, l’Agence Locale de l’Energie Centre Ouest Bretagne et à l’association d’exploitants agricoles Kreiz Breizh Bois Énergie, afin de structurer une ou plusieurs filières locales. Les objectifs étant de :

– convertir progressivement l’approvisionnement des chaudières bois du territoire au bois de bocage local, géré durablement et certifié Label Haie,

– développer une société coopérative permettant le remplacement de chaudières et la vente de chaleur clé en main, substituant des énergies fossiles par du bois Label Haie.

 

 

 

Lien vers les aides européennes FEADER de la Commission européenne : https://agriculture.ec.europa.eu/common-agricultural-policy/rural-development_fr

Lien vers les financements européens en Bretagne : https://europe.bzh/

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